L'Origine

KiteHook pour naviguer en toute liberté

KiteHook, c'est avant tout l'histoire d'une bande de passionnés de kitesurf du Finistère Nord. Passionnés au point de refuser de manquer une session sous prétexte d'être seul pour décoller ou atterrir son aile. Nous avons tous connu ces moments de solitude. Soleil, 20 nœuds et… spot désert ou parfois pour une session finistérienne : pluie, 35 nœuds et... spot désert. Les conditions idéales donc, mais les copains sont au boulot ou ont loupé leur réveil ou sont simplement déjà à l'eau.
 
A l'époque, chacun de nous avait sa petite technique improvisée. Souvent aussi, nous décollions "à l'arrache". En général, cela fonctionnait. Puis après quelques déboires dont un qui s'est terminé aux urgences, la raison aidant, une idée s'est imposée : trouver "LA méthode safe" pour le décollage et l'atterrissage solo.
 
De là, a commencé une longue période de test des différentes pratiques disponibles dans le monde du kite : du piquet à chien aux sacs Ikea en passant par le TT enterré. Les tests se sont parfois conclus par des petites ou grandes frayeurs, des petits ou grands pansements pour riders égratignés ou des petits ou grands patches pour ailes déchirées. Les différentes expériences ont rapidement démontré que la plupart des méthodes restaient trop approximatives. Si elles fonctionnent à peu près toutes par vent faible, elles deviennent vite dangereuses par vent fort. Le concept de la base enterrée s'est alors  imposé assez naturellement.
 
Le KiteHook a ainsi été développé en 2 temps. Tout d'abord, le test systématique des différentes méthodes puis le design du produit en lui-même.


Test des méthodes de décollage / atterrissage solo

Décollage et atterrissage à l'arrache en kitesurf

L'art du décollage / atterrissage solo d'une aile de kitesurf fait partie de ces bons vieux débats de riders. Au même titre que le port du casque (bonne idée selon nous) ou de l'utilisation du leash de planche à enrouleur (mauvaise idée selon nous), ces discussions passionnées animent régulièrement les forums et les spots de kite. Chacun est convaincu de sa méthode, partant du funeste principe : "je n'ai encore jamais eu d'accident, donc ça marche". Chacun oublie sans doute les quelques épisodes où cela a failli mal finir.


Nous avons testé chacune de ces méthodes sans parti pris, par vent faible par vent fort, par différentes orientations, sur différents types de sol, avec des riders de différents niveaux. Chacune a ensuite été évaluée de manière détaillée puis passée au crible risques / avantages / inconvénients.

Méthode n°1 : Décollage / atterrissage à l'arrache

Probablement la méthode la plus utilisée car la plus simple, aucun accessoire n'étant nécessaire. Elle consiste à décoller son aile seul et sans point fixe. Elle est d'ailleurs très bien décrite dans les tutos One Launch Kiteboarding de Philippe Ancelin qui en rappelle clairement les limites au niveau sécurité. 

Les risques au décollage        

  • Au moment où elle ripe sur le sol, l'aile rencontre un coquillage ou un caillou un peu coupant. Version light, le dacron du bord d'attaque est juste entaillé. Version sévère, en plus du dacron, le boudin principal en latex pousse un énorme Pchiiiiiiit de soulagement. Coût de la réparation du Dacron chez un voilier : entre 50 et 120€. Pour la réparation maison du boudin compter 1 à 2 heures de plaisir à deux…
  • Le rider fait une erreur de pilotage ou les lignes sont emmêlées ou s'accrochent à un obstacle (une branche de quelques cm fichée dans le sable suffit), l'aile décolle en pleine fenêtre. Le rider se fait arracher.

Les risques à l'atterrissage

Pour plaquer l'aile au sol, le rider doit saisir l'un des avants et donc marcher de quelques mètres vers son aile ; une des lignes arrières détendues en profite pour faire un tour derrière la barre, l'aile redécolle avec une rafale et part en kiteloop. Le rider se fait arracher.
 
A l'atterrissage ou au décollage, deux perspectives sont à envisager pour le rider arraché par son aile. Version light, il se fait gentiment soulever puis trainer sur le spot. Version sévère, il finit en tomate écrasée sur la digue ou la route du port. Les risques sont évidemment proportionnels à la force du vent. Par 15 - 20 nœuds, ils se limiteront essentiellement à une aile abimée ou quelques bobos, au-delà de 25 nœuds, l'accident grave est une option à envisager sérieusement. Nous abordons le sujet ici de manière décontractée, mais il ne faut pas oublier que ce type d'accident s'est parfois soldé par la mort du rider. 

Méthode n°2 : Points fixes existants

KiteHook : décoller à partir d'un point fixe

Face aux risques de la "formule à l'arrache", il est sans doute plus raisonnable d'étudier les méthodes utilisant un point fixe. Si le point en question est déjà existant, cela est relativement simple et sûr. Le point fixe peut être un arbre, un poteau, un corps-mort de bouée, un attelage de voiture, etc. Deux conditions sont à valider :

  • Le point fixe doit être suffisamment résistant à la traction
  • La zone sous le vent du point doit-elle être suffisamment grande et dégagée.

De là, le rider utilise son leash d'aile pour relier le point fixe à son chicken loop et lance la manœuvre de décollage. Sur le papier, la méthode est de loin préférable au piquet à chien ou au sac Ikea. Toutefois elle pose dans la pratique un certain nombre de problèmes dont certains sont rédhibitoires :

  • La plupart des leashes d'aile de grandes marques (Cabrinha, North, F-One, etc) sont dotés à une extrémité d'un mousqueton et à l'autre d'un système de largage qui ne permet pas de relier le point fixe au chicken loop. Ces leashes d'aile ne sont donc tout simplement pas adaptés.
  • Ensuite, même si le leash dispose d'un mousqueton à chaque extrémité, son utilisation pour un décollage / atterrissage solo en décontenancera beaucoup. La technique implique en effet qu'au moment où le rider décroche le leash pour le récupérer, il sera le seul lien avec son aile. Si un problème survient à ce stade, (si, si cela arrive de temps en temps dans les phases décollage / atterrissage) et que le rider doit larguer, l'aile est orpheline et part directement en direction des lampadaires ou de la route du port…

Méthode n°3 : Piquet à chien ou à parasol

KiteHook versus piquet

Le fameux piquet... Il complète régulièrement la panoplie du débutant avec le leash à enrouleur et le gilet de flottaison. Fort heureusement, le plus souvent, il reste rouiller dans le coffre de la voiture, sans jamais être utilisé. Bon marché, les piquets à chien sont disponibles pour quelques euros dans toutes bonnes animaleries. Un peu plus cossu mais à peine plus cher, le piquet à parasol se trouvera lui dans toutes bonnes grandes surfaces de bricolage. Le piquet n'est pas cher, mais dangereux. Son problème principal réside dans le fait que sa tenue dépend de la nature du sol. Dans un sol compact, a priori pas de problème, dans du sable grossier, il lâche sans prévenir. En résumé, dans les sols où il tiendrait bien, il est difficile à enfoncer et inversement. Et vous imaginez une aile qui se balade avec, au bout, le piquet volant dans tous les sens… Pas bon pour le rider, pas bon pour les autres usagers du spot, pas bon pour l'image du kite et les négociations avec les maires afin de garder le spot ouvert. A proscrire donc, même si quelques obstinés s'entêtent à l'utiliser car ils n'ont pas eu (pour l'instant) d'accident. Le décollage / atterrissage solo ne peut se fier à un système qui tient en général et qui lâche parfois.

Pour information, il existe des systèmes de piquets plus élaborés, plus importants en taille et diamètre, ils ressemblent à des tarières. Nous ne les avons pas testés faute de les trouver sur le marché, mais dans tous les cas, ils souffrent de deux gros inconvénients : d'abord le coût de fabrication, ensuite, même si votre beau-frère est ferronnier, l'encombrement de l'engin est un vrai handicap. A moins d'avoir une formation commando, on envisage difficilement d'avoir à transporter, dans son sac d'aile, une tarière longue de 50cm ou plus et se terminant par un fer de lance hélicoïdale…

Méthode n°4 : Sac lesté

KiteHook versus sac de sable

C'est le moment de sortir les vieux sacs à provisions, Ikea, Casto ou Carrefour. Vous en trouverez au fond du garage entre le piquet à parasol et les boules de pétanque...

Encore moins cher que le piquet, ce système est peut-être la moins mauvaise des méthodes bricolées : 2 inconvénients majeurs toutefois :

  • Pour être fiable dans un vent soutenu, compter au minimum 60 à 100kg de charge. Possible avec une pelle, mais il faut la transporter en plus de tout le reste. Sans pelle, difficilement jouable, à moins d'être un champion des châteaux de sable. Là, les supporters de la méthode expliquent que même si le sac n'est pas assez chargé, il sera "juste trainé" sur le spot… C'est vrai, cela s'appelle la course en sac.
  • La solidité du sac. Même les sacs à gravats ne sont pas conçus pour encaisser la puissance d'une aile décollant par erreur en pleine fenêtre. S'il cède (le plus souvent au niveau des anses), votre aile gagne de nouveau un tour gratuit direction les buissons d'aubépines ou la route du port.

Méthode n°5 : Twin-Tip enterré

Nous ne nous attarderons pas trop sur la méthode du Twin-Tip enterré qui reste du domaine de l'expérience hasardeuse. Enterrer correctement une board de 140x41cm dans un sable compact est un challenge du même niveau qu’enterrer à mains nues un cadavre. Ensuite, une fois l'aile décollée, à moins d'être un pro du no-foot, il faut déterrer la planche à une main. Enfin au retour pour l'atterrissage, il faudrait l'enterrer toujours à une main… Est-ce bien raisonnable ?

Méthode n°6 : Base enterrée / KiteHook

KiteHook, la base enterrée

Le système de la base enterrée (KiteHook) est simple. Il est constitué d'une plaque (la base) équipée de 2 cordages (leashes). La base est utilisée pour creuser dans la sable et sert de point d'ancrage au fond du trou qui est ensuite rebouché. Le leash principal relie la base au chicken loop, le leash secondaire permet de désenfouir et de ranger aisément l'ensemble.

Les tests ont rapidement montré la supériorité de cette méthode en termes de fiabilité, c’est-à-dire quant à sa capacité à résister à la traction d'une aile en phase de décollage / atterrissage. Cela s'explique par le fait que le principe du KiteHook repose sur la résistance à l'arrachement (principe du piquet) et la résistance du contrepoids (principe du sac) auquel s'additionne le phénomène d'ancrage.

Le KiteHook s'est imposé également par ses autres points forts à l'utilisation :

  • Facile à transporter dans un sac d'aile grâce à un poids et à un encombrement limités
  • Rapide à mettre en place grâce à la base servant de pelle,
  • Polyvalent car il peut être utilisé aussi bien dans du sable, des galets ou sur un point fixe existant.

Au rang des inconvénients :

  • Le KiteHook étant un produit spécialement conçu pour le kitesurf, il est évidemment plus cher qu'un piquet à chien ou un sac Ikea.
  • Il ne peut être utilisé en terrain dur comme sur une pelouse ou un parking, mais cela reste un moindre problème car il est relativement aisé de trouver sur ces aires de décollage un point fixe existant utilisable avec le leash principal.

Design et développement du KiteHook

Une fois le concept du KiteHook validé, est venue la phase du développement du produit. Un peu plus d'une année et 8 évolutions de prototypes ont été nécessaires pour la conception et la sélection des différents éléments. Il est plus compliqué qu'il n'y parait d'aboutir à un système simple, léger et fiable, d'autant plus quand il s'agit d'un module de sécurité.



Le développement du KiteHook a été réalisé selon un cahier des charges strict :

  • Système d'ancrage complètement fiable (résistant à la traction d'une aile dans un vent jusqu'à 40 nœuds)
  • Rapide à mettre en place (moins de 3mn)
  • Léger et peu encombrant (moins de 1kg, facilement transportable dans un sac d'aile)
  • Capacité à être utilisé aussi bien dans du sable, dans des galets ou sur un point fixe
  • Système totalement enfoui une fois mis en place (ne représente pas de danger pour l’utilisateur ou les autres usagers de la zone de manœuvres)
  • Matériaux recyclables
  • Matériaux résistants à l'environnement marin (abrasion, corrosion, etc.)
  • Ensemble flottant
  • Eléments interchangeables (principe de "Un KiteHook, pour la vie")
  • Prix raisonnable (moins de 50€)